samedi 29 février 2020

Joachim Coens émet la possibilité d'une coalition corona


Le Vif
Le président de CD&V, Joachim Coens, déclare qu'il faut un gouvernement "énergique" pour faire face à l'impact économique du coronavirus. "Nous pourrions peut-être discuter d'une coalition corona de ceux qui veulent faire quelque chose, qui veulent mettre de l'ordre dans le budget, s'attaquer à la compétitivité, améliorer le pouvoir d'achat des gens", a-t-il déclaré vendredi sur Radio 1.
 Joachim Coens (CD&V)
Dans le cadre de la recherche d'un nouveau gouvernement fédéral, le roi Philippe a confié mercredi dernier une mission au président de la Chambre, Patrick Dewael (Open Vld), et à la présidente du Sénat, Sabine Laruelle (MR). Ils doivent "établir les contacts politiques nécessaires en vue de former un gouvernement de plein exercice".
Dewael et Laruelle ont déclaré vouloir travailler discrètement, et les observateurs disent qu'ils doivent apaiser les esprits après les vetos et les rejets.
La mission de l'ancien chargé de mission royal Koen Geens (CD&V) a pris fin après que le président du PS, Magnette, ait une nouvelle fois rejeté la piste d'un gouvernement avec la N-VA. Le CD&V, qui se dirige vers un gouvernement à majorité flamande et donc avec la N-VA, a réagi avec beaucoup d'agacement à ce rejet. Les chrétiens-démocrates flamands, à leur tour, sont prêts à une "coalition Vivaldi" (avec les socialistes, les libéraux verts et les chrétiens-démocrates, mais sans la N-VA).
Le président de CD&V, Coens, a déclaré que les présidents parlementaires Dewael et Laruelle avaient eu des contacts cette semaine. Il a lui-même déjà eu une conversation avec eux, a-t-il dit sur Radio 1.
Le CD&V reste disponible pour négocier, mais continue également à plaider pour une majorité de chaque côté de la frontière linguistique, a déclaré Coens. Le président du CD&V souhaite une fiscalité plus équitable, maintenant qu'il s'avère que des milliards de dollars continuent d'affluer de la Belgique vers les paradis fiscaux. Coens veut voir quelles recommandations de la commission parlementaire autour des PanamaPapers peuvent encore être mises en oeuvre.
COMMENTAIRE DE DIVERCITY
ET QUOI ENCORE ?
On pourrait s’imaginer qu’ils se foutent de nous. Mais non pas du tout, c’est leur manière à eux de faire le job en ne le faisant pas et en attendant je ne sais quel imprévisible événement. Et voici qu’il surgit, l’imprévisible sous la forme d’un virus facétieux qui brouille toutes les cartes, progresse d’irrésistible manière et fait déjà s’effondrer le cours des bourses. Certains y voient les prémices d’un nouvel effondrement des marchés, d’autres l’intervention d’une invisible main soucieuse de réguler les exubérances  démographiques des ces dernières décennies. Allez donc savoir. Ce qui est sûr c’est qu’on aurait tort comme Trump de se réjouir que « son America » demeure épargnée ou d’imaginer que la pandémie s’arrêtera par miracle aux frontières de notre petit royaume. Olivier Mouton se dit persuadé que nos présidents de partis savent ce qu'il leur reste à faire.
Il, me paraît bien optimiste cet excellent journaliste.
MG
NOUS AVONS BESOIN D'UN GOUVERNEMENT FEDERAL DANS UN MONDE DANGEREUX

Olivier Mouton
Rédacteur en chef adjoint du Vif/L'Express
Ce ne seront peut-être pas les marchés qui forceront cette fois la Belgique à bouger (quoique), mais bien une maladie qui se répand de par le monde.
Nous vivons dans un monde dangereux, où les conflits se multiplient et où les menaces deviennent globales. Face à cela, la Belgique fédérale semble rester les bras ballants. Même quand il occupe la présidence tournante du Conseil de sécurité - un honneur -, notre pays provoque des crises de rire tant son incapacité à former un gouvernement fédéral sème le doute sur sa capacité à agir.
Le Brexit est devenu une réalité, mais rien n'a bougé chez nous en dépit de l'impact potentiel pour notre économie. Le déficit budgétaire s'envole et les marchés commencent à s'inquiéter, mais rien ne se passe dans notre pays de cocagne qui joue avec son bonheur. L'Europe fait face à la montée des nationalismes, du terrorisme d'extrême droite, mais on regarde les trains passer. Pour ne pas parler du climat qui nécessite des réponses urgentes - dans quelle langue faut-il le répéter ? Désormais, de nouvelles menaces, réelles, nous pendent au nez, sous la forme de la pandémie du coronavirus, de son impact important sur les marchés, voire d'un conflit armé susceptible de dégénérer à la frontière turco-syrienne, et cela pourrait-il bouger, enfin, au niveau fédéral ?
Bien sûr, notre pays a déjà fait face à des blocages de longue durée, nous avons même voté une intervention militaire (en Lybie) en affaires courantes, mais est-ce satisfaisant ? Bien sûr, la mise en place des gouvernements régionaux compensent la paralysie du fédéral dans notre pays complexe, mais voyez-vous des impulsions notables émanant de Wallonie, de Flandre ou de Bruxelles ?
Joachim Coens, président du CD&V, propose donc la mise en place d'un coalition "corona" pour prendre les mesures d'urgence qui s'imposent face à l'épidémie. L'idée ne manque pas de piquant de la part d'un ex-missionnaire royale dont le parti détient avec le PS l'une des deux clés susceptibles d'ouvrir la porte d'une majorité fédérale. Passons aussi sur le fait que l'on se moque déjà de toutes parts sur l'idée génial de baptiser un gouvernement d'un pays mal en point du nom... d'une maladie. Sur le fond, comment toutefois ne pas insister sur la nécessité d'entamer enfin des négociations au fédéral pour éviter des élections? Bart De Wever avait brandi la menace si rien ne bouge d'ici mai. Les missionnaires royaux Patrick Dewael (Open VLD) et Sabine Laruelle (MR) consultent dans la discrétion. Leur premier deadline est fixé au 9 mars: pourquoi ne pas bouger, enfin, dès la semaine prochaine?
Ce ne seront peut-être pas les agences de notation ou les marchés qui permettront de débloquer la Belgique, mais bien une maladie qui se répand de par le monde. Quoique c'est soudain l'impact de la maladie sur les marchés financiers qui semble surtout être le vrai levier. Si la dégradation de la situation géopolitique venait à s'en mêler, messieurs les présidents de parti, vous savez ce qu'il vous reste à faire.